Que diriez-vous de revenir à l’ère des consoles 16 bits mais sans avoir à dépoussiérer une Mega Drive / Super Nintendo et dégoter un écran cathodique sur un vide grenier ? Après son Contra-like, Blazing Chrome, le studio brésilien s’attaque à d’autres ténors de cette époque - que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître - avec Vengeful Guardian Moonrider.
Depuis plusieurs années maintenant, le rétro a plus que jamais la cote et on ne compte plus le nombre de productions actuelles qui tentent de reproduire le feeling d’époque en couplant cela avec une certaine modernité pour élargir un peu le public visé. Les deux récents beat 'em up Streets of Rage 4 et Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge sont deux magnifiques ambassadeurs de cette vague néo-rétro. Où se situe Vengeful Guardian Moonrider dans cette profusion de nostalgie ?
Le soulèvement de la machine
Vengeful Guardian Moonrider partage des similitudes avec le précédent jeu du studio, Blazing Chrome, à commencer par son scénario simple qui sent bon les 90’s dans lequel il est encore question d’humanité en péril et de machines. Après un attentat, du moins c’est comme cela qu’on nous le présente, un état totalitaire construit des super soldats mécaniques à l'allure de ninjas. Un plan a priori bien huilé qui va tourner au fiasco pour le régime autoritaire. L’une des sentinelles, le Moonrider, s’aperçoit à son réveil de la vraie nature de ses créateurs et se fixe pour objectif de tous les décimer. Tous vont donc y passer, y compris les autres armes de guerre bipèdes créées.
Une revanche meurtrière qui se déroule sur huit niveaux pour une durée approximative - tout dépend si vous êtes un PGM ou non - d’environ deux heures pour une première partie mais nous reviendrons là-dessus. Une base de recherches sur une autre planète, un labo d’armes biologiques ou encore une flotte aérienne, le jeu est vraiment généreux dans ses environnements, que ce soit sur le plan visuel ou en termes de diversité avec ce renvoi systématique aux productions d’antan comme avec cette séquence à moto en pleine ville, et à d’autres œuvres comme Alien par exemple. Mais voir le bout de ces décors va se faire au prix de quelques gouttes de sueur et d’un calme olympien.
Vengeful Guardian Moonrider se la joue old-school
Comme dans Blazing Chrome, l’ordre des niveaux nous appartient mais ils se terminent tous de la même manière, avec un affrontement de boss. Les fameux super soldats ninjas élaborés dans le même moule que le nôtre. Des ennemis qui savent soigner leur entrée en lâchant systématiquement une phrase en japonais avant de nous autoriser à les taper. On ne comprend absolument rien mais ce n’est pas grave, c’est juste méchamment classe et c’est le plus important. Mais avant d’arriver jusqu’à eux, on va avoir besoin de liquider une armée d’adversaires lambda, des mid-boss et éviter de perdre malencontreusement de la vie à cause de l’environnement hostile. Une tâche loin d’être aisée, surtout pour ceux qui viseront le not hit.
Vengeful Guardian Moonrider est un jeu d’action-plateformes dans la droite lignée de vieilles franchises très appréciées comme Strider ou encore Shinobi. En bon ninja qui se respecte, on peut sauter en s’appuyant sur des murs, donner des coups de pieds aériens en rebondissant sur nos cibles pour réaliser des enchaînements et surtout sortir son katana en toutes circonstances pour des coups au corps-à-corps. Une arme indispensable, car si vous possédez bien une attaque spéciale, celle-ci est limitée dans son utilisation. Une fois la jauge épuisée, il faudra espérer trouver une caisse de ravitaillement sur le chemin - elles sont relativement nombreuses mais sont absentes durant les combats de fin de niveaux. Boules de feu téléguidées, laser ou encore onde énergétique dévastatrice, il existe différentes améliorations de l’attaque spéciale qui sont déblocables après avoir vaincu chaque boss.
Le jeu remplit parfaitement son office d’un point de vue gameplay et réussit à retranscrire les sensations d’époque. Verser du sang en se ruant sur un ennemi pour le frapper d’un coup classique ou dashé fera toujours son effet, au point où on en viendrait presque à regretter les phases de plateforme qui peuvent parfois paraître injustes et mises là pour réhausser le défi de manière un peu forcée. Mais après tout, c’était ça le « bon vieux temps ».
No pain no gain
Dans Vengeful Guardian Moonrider, la mort s'abat en effet régulièrement sur nous. Car on aura été trop peu précautionneux par moments, ou à d’autres, à cause de ce qui apparaît comme des approximations dans le design. L’inertie dans les phases aquatiques fait partie des griefs qui nous rappellent certains mauvais souvenirs, anciens comme actuels. Comme on l’a dit un peu plus haut, le jeu se pliera en deux heures pour les plus habiles, ceux habitués à retourner des titres rétro d’une traite, et plus longtemps pour les têtes brûlées qui ne veulent pas prendre le temps d’étudier les patterns des boss. Toutefois, ce défi relevé est contrebalancé par la présence de checkpoints et par le fait que même lorsque l’on perd toutes ses vies, on ne recommence pas nécessairement tout au début du niveau. Le chemin à refaire pourra donc être plus ou moins long en fonction de l’environnement, mais avec la possibilité de le retraverser assez vite généralement.
Le soft propose également des modules de puissances, pouvant être installés sur les deux emplacements prévus du Moonrider, qui aident à progresser et à personnaliser le style de jeu entre chaque niveau. Des éléments occasionnellement bien dissimulés dans les environnements qui nous forcent à explorer. Parmi eux, la puce « Soif sanguinaire » qui permet de récupérer de la santé à chaque mort d’ennemi, « Acrobate » qui est l’équivalent d’un double saut, « Détective » qui sert à mettre la main sur les modules ou encore « Armure » pour subir moins de dégâts mais en contrepartie, le résultat final des tableaux sera affecté et ne dépassera pas le rang B.
Comme dit plus haut, Vengeful Guardian Moonrider est très court mais ça s’explique par son orientation scoring et speedrun. Une notation définie par le temps passé dans le niveau, par le score réalisé et le nombre d’objets (les modules) découverts. Une orientation assumée et qui pousse à faire mieux, quand bien même certains passages semblent hasardeux.
Danilo Dias, directeur artistique sur le jeu, avait déclaré vouloir une « expérience authentique comme si on avait déniché dans notre grenier un jeu Mega Drive jamais sorti ». Mission accomplie ! Du début à la fin, on a cette impression en raison du gameplay évidemment, mais aussi de tout l’emballage. Bien que certains textes dans le tutoriel soient difficilement lisibles, en jeu, on a un pixel art de toute beauté, rarement pris à défaut, que l’on joue avec un affichage classique ou le mode CRT activé. Un filtre très convaincant en dépit d’une luminosité bien moindre. Il se passe toujours quelque chose à l’écran. Mais le plus gros coup de cœur est du côté de l’ambiance sonore avec ses musiques et bruitages. On se croirait réellement dans un Streets of Rage et tous ces softs des années 90, avec une partition qui nous a même fait penser au film Bloodsport du grand Jean-Claude Van Damme. Un vinyle pour bientôt ?